Les jolis garcons

Franchement Delphine, je suis déçue. Tu permets que je t'appelle Delphine? Que je te tutoie? Après tout, toi tu es l'écrivain et moi la lectrice, ça nous fait un lien de parenté presque! Allez soyons fous je te tutoie.

Tu m'avais tellement enchantée à la lecture de tes Heures souterraines que je t'avais mis sur un piédestal. Confortée par ton succès actuel, je me disais que je n'étais pas la seule à te trouver un incroyable talent (rien à voir avec l'émission). J'avais fait de toi mon Olivier Adam féminin, une catégorie qui m'autorisais à acheter coup sur coup deux autres de tes romans, dont celui-ci, et qu'on m'en offre un troisième. Il faut que tu saches que lorsque j'aime un auteur, quand je suis éblouie comme je l'ai été avec toi dès ma première lecture, j'ai tendance à imaginer que tous les autres opus seront aussi bien. Et puis non. Des fois la magie n'opère pas...

En ce qui concerne, pour ces Jolis Garçons, ben ça a fait flop. J'ai eu l'impression d'être bourrée tout le long, pas saoulée non je n'irai pas jusque là, mais les mots et les phrases dansaient sous mes yeux sans que je puisse en comprendre le sens. J'étais encore plus paumée que ton héroine, une Emma Pile comme les piles et plutôt pas Duracell ni dure à cuire (pardon elle est nulle mais j'ai pas pû m'empêcher...). Paumée et hagarde, je n'ai rien su déchiffrer. A croire que j'avais laissé mon cerveau au vestiaire et toi ton talent au placard...

Bref, cette fois-ci la magie n'a pas opérée. Je suis si triste Delphine, parce que je ne m'y attendais pas, et je ne veux pas que notre histoire si bien commencée s'arrête sur un échec... Peut-être que c'était juste une erreur dans ton parcours d'auteur, ces trois nouvelles qui parlent d'hommes aussi mal que si je me mettais à parler de golf ou de bricolage, peut-être qu'à ce moment là l'inspiration t'avais abandonnée et que tu t'es dis: "tiens si j'écrivais un bouquin où mes lectrices auraient l'impression d'être bourrées à sa lecture tellement elles entraveraient fichtre rien?!" Bon, c'est vrai que sur ta troisième et dernière nouvelle, j'ai tout compris. Mais je n'y ai pas cru un seul instant, trop improbable cette histoire, tu as été pêcher ça ou?! C'est vrai, je t'accable un peu et c'est facile alors je vais te faire une confession; j'ai horreur de la folie, des fictions où ça part dans tous les sens, et pourtant j'adore la poésie, mais l'absurde très peu pour moi, j'ai le désagréable sentiment qu'on se paye ma tête (et vu mon budget livres, mon portefeuille aussi). C'est un truc qui me dépasse, et qui ne m'interesse pas. Tu as vu, il n'y a pas de fantasy, de SF ou d'ouvrages surréalistes dans ma PAL. Je suis une lectrice un peu trop conventionnelle pour ta zizin d'héroine. Alors c'est peut-être juste ça, ne soit pas chagrinée. J'espère qu'on va se retrouver sur No et Moi et Rien ne s'oppose à la nuit, qui m'attendent. J'espère que ce petit différent entre nous n'était qu'une broutille, et que cette fâcheuse critique que je te fais là sera mon seul et unique reproche.

Les Jolis Garçons, de Deplphine de Vigan. Editions Le Livre de Poche. 149 pages.

Les jolis garçons

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