L'Hypothèse des saisons - Retour sur la critique
Suite à mon article du 20 juin 2013 sur le roman L'Hypothèse des saisons j'ai reçu un mail de son auteur, Nathalie Nohant.
Nous avons échangé à plusieurs reprises ; suite à cela, nous avons conjointement souhaité publier son "droit de réponse", ou plus exactement des précisions sur son livre. Cela peut ainsi permettre à chacun de se faire sa propre opinion, et apporter un éclairage différent à celui que j'ai donné.
Voici donc la réponse de Nathalie Nohant :
Bonjour,
J’ai lu attentivement la critique que vous avez publiée sur votre blog au sujet de mon livre, L’Hypothèse des saisons. D’ordinaire, les romanciers qui prennent la peine de contacter l’auteur d’une critique le font quand celle-ci est élogieuse, et qu’ils s’en trouvent flattés. J’ai été sensible à votre ressenti, c’est pourquoi je me permets ce « droit de réponse ».
L’histoire « patine », certes, et c’était bien là l’enjeu. Que les personnages ne sortent pas de leur état de sidération, qu’ils demeurent coincés, comme tous les autres, entre un passé insurmontable et un présent impuissant à les en délivrer était précisément le sujet de ce livre.
Tout l’intérêt (à mes yeux) et la difficulté furent non pas de raconter une histoire de façon linéaire, mais bien d’explorer, au plus minutieux qu’il m’a été possible, les mouvements intérieurs simultanés et contradictoires d’âmes en proie à la difficulté d’être. J’ai volontairement « enfermé », retenu physiquement mes personnages dans une proximité exempte de vie sociale ou privée, afin de mieux les isoler psychologiquement.
Quant au choix du traitement de l’histoire, au style, outre que cela reste une affaire de goût, il me paraît que c’est bien le sujet qui donne le ton. J’ai tenté de veiller à cette adéquation. Tout voir, tout entendre, tout ressentir, au point de plonger le lecteur au cœur même de leurs obsessions et ressassements.
Ce qu’apportent leur sentiment de fraternité, leurs tendresses, leurs éblouissements sont à mon sens les percées de lumières qui font l’espoir de toute existence, même accidentée.
Je suis désolée que mon roman vous ait déçue et ennuyée. J’ai trouvé votre présentation de l’histoire très juste, et si vous ne l’avez pas appréciée, il semble cependant que vous l’ayez comprise. C’est déjà ça.
Votre avis est important, comme tout autre. Il y a des gens payés pour critiquer les livres, d’autres qui le font à titre personnel, mais dans un cas comme dans l’autre, l’auteur peut s’en trouver touché. A sa charge d’en faire ce qu’il veut, ou peut. Les sensibilités sont innombrables, et c’est bien cette diversité qui nous permet à nous, auteurs, d’exister.
Non seulement vous avez le droit de penser ce que vous voulez d’une œuvre et de l’exprimer librement, mais je vous encourage à entretenir l’exercice de votre sens critique. Ne vous censurez pas, même au risque de blesser. Veillez juste à être sûre de ce que vous défendez. La libre expression est une valeur que les écrivains revendiquent pour leur propre compte, il serait sot de s’y opposer au seul motif, douteux, d’une critique blessante. Ne la retirez donc pas, elle vous appartient. Même si un auteur se trouve atteint, il doit accepter les effets de la chose rendue publique, et donc soumise à toutes les appréciations.
Je trouve formidable votre passion pour la littérature et soutiens votre initiative. Votre proposition de publier mon « droit de réponse » est une attitude que je trouve ouverte et intelligente. Je vous en remercie et l’accepte. C’est intéressant.
Et qui sait, peut-être plus tard dans votre vie porterez-vous un nouveau regard sur mon livre.
Je vous remercie de m’avoir lue, d’avoir exprimé votre avis. J’en ai pris note, espérant ne pas vous décevoir une deuxième fois.
Avec mes sincères sentiments,
Nathalie Nohant
Si vous avez lu L'Hypothèse des saisons, vous pouvez venir en parler (commentaires en bas d'article) et si vous ne l'avez pas lu... vous pouvez aussi ! Ce qu'il y a de formidable avec la littérature, c'est bien la pluralité des opinions...
A vos commentaires !