Je, François Villon
En 1431, naît François Villon. Son père vient d'être pendu, et sa mère a échappé de peu au même sort. Quelques années plus tard, elle est accusée d'un vol suite à un malentendu. Considérée comme récidiviste, elle est atrocement suppliciée, condamnée à être enterrée vivante. L'enfant est donc confié au chanoine de Saint-Benoît-le-Bétourné, Guillaume Villon. Malgré tous ses efforts pour lui donner une bonne éducation, le petit François est dissipé, chapardeur, turbulent. Il se met à commetre de menus larcins : piquer les enseignes des échoppes le fait beaucoup rire. Il devient le meilleur dans son domaine, entouré de ses amis. Puis l'adolescent grandit, et devient un jeune homme dont les ballades de poète commencent à être connues dans Paris. C'est alors qu'il croise la route des Coquillards, des bandits que rien n'arrête. François va partir sur les routes, s'éloigner de Paris à leurs côtés. Puis, fatigué du sang, il tentera de changer de vie. Mais ce sera loin d'être simple...
Dès les premières pages, Jean Teulé, écrivain que j'apprécie pourtant particulièrement, nous plonge dans l'horreur version Moyen-Age. A côté, Charly 9 et Le Magasin des suicides, c'est pour les enfants. Tout d'abord, je préconise la lecture de Je, François Villon à jeun. Ensuite, si vous êtes un peu sensibles (du genre à hurler devant Scream) abstenez-vous carrément ! Si le début du roman est à peu près supportable, ensuite (en gros de la page 200 à 350) c'est la période où le héros se fait Coquillard, et là, c'est l'escalade. Pour être franche, j'ai lutté depuis la scène de viol de sa fiancée, Isabelle. A partir de là et jusque quelques pages avant la fin, j'ai vraiment eu du mal à avancer dans ma lecture. Ne parlons pas des pages consacrées à la torture... le miroir de Venise m'a définitivement traumatisée ! Et puis j'ai vraiment trouvé certaines scènes inutilement cruelles, comme celle du jeu avec un cochon, qui donne l'occasion à des aveugles cherchant à l'attraper de s'entretuer. Cet excès de gore ne m'a pas semblé toujours justifié, du moins pas autant.
Bien sûr, nous nous doutons qu'entre les brigands, les famines, la peste, les tortures des sergents du Roi, l'époque est d'une violence inouïe. Mais pourquoi accabler le lecteur à ce point, et en omettant de le faire rire ? Heureusement, certains d'épisodes comme la présentation de François Villon avec le Bon Roi René, viennent à point nommé égayer un peu le récit. Anachroniques et loufoques, les répliques du narrateur nous rappelle pourquoi on aime Jean Teulé... pour cette faculté que l'on a à lui pardonner ses excès. Au moins, cette lecture m'a fait découvrir à quel point je peux être parfois une lectrice très conformiste. J'ai du mal avec les personnages de salauds, les vrais, ceux qui prennent du plaisir à faire souffrir et ne ressentent aucune pitié pour leur victime. Quand Villon "donne" sa fiancée aux Coquillards, qu'il vole une mère en train d'enterrer son enfant, qu'il trahit ceux qui lui tendent la main, participe à des massacres et ruine des livres renfermant des trésors... je me force à continuer, mais franchement cet horrible personnage me sort par les trous d'nez yeux !
Ca n'a pas été une lecture facile, vous l'aurez compris. En fait, je suis un peu partagée. D'un certain côté il s'agit d'un bon roman, bien écrit (à la "sauce" Teulé, on aime ou pas, mais c'est toujours travaillé) très documenté, avec des poèmes de Villon et des illustrations pour appuyer la narration ; de l'autre, trop de sang, de cruauté, de beurk. Oui oui, vous avez bien lu. De beurk.
Je, François Villon, de Jean Teulé. Editions Pocket. 433 pages.
Ce livre a reçu le Prix du roman biographique en 2006