Certaines n'avaient jamais vu la mer
Quand toute la blogosphère parle d'un roman, cela attise la curiosité... Quand en plus un prix littéraire comme le Fémina lui donne l'aval du jury, alors là...on a encore plus envie de le lire. Donc j'ai succombé. Allant chez Gilda (dont je vous ai parlé ici) pour faire mes emplettes de Noël, je tombe dessus à 7,90€ (je m'en empare sauvagement, c'est 10€ de moins qu'en neuf, et il est comme neuf!). Attirée aussi par le format court (la boulimique que je suis triche en lisant des petits livres pour en lire plus...) je me lance le sourire aux lèvres dans cette lecture.
Aargh. Passé quelques pages, je comprends très vite où va se situer le problème pour moi: le thème est passionnant, mais l'énumération va très vite me lasser. En effet, si Julie Otsuka raconte très bien la vie de ces Japonaises parties au début du XXe siècle aux Etats-Unis rejoindre des maris vus uniquement sur des photos, elle emploie le mot "certaines" ou "elles" des centaines de fois! Tout le roman n'est que ça, une énumération d'exemples et de bribes de vies de chacune de ces femmes. Cela m'a titillée, cette éternelle répétition.
Par contre j'ai aimé apprendre un pan de l'histoire mondiale que j'ignorais totalement (en me sentant un peu bête de l'ignorer, d'ailleurs!). Ce roman nous apprend comment les japonais ont servi de main d'oeuvre très bon marché aux américains. Pour la récolte des fruits et légumes surtout, mais aussi en tant que bonnes, jardiniers, garde d'enfants, dans les blanchisseries, etc. Mais surtout ce qui m'a le plus surprise et choquée, c'est d'ignorer jusque là la politique quasi concentrationnaire dont on ils ont fait l'objet lors de la guerre avec le Japon. Appelés à quitter leurs maisons, leurs villes, à laisser leurs commerces ou leurs champs à l'abandon, ils ont ensuite été parqués dans des camps d'internement, sur le sol américain. Sans ce roman je ne l'aurai peut-être jamais su...
Donc pour l'intérêt de l'histoire elle-même, j'approuve totalement. Entrevoir la vie de ces femmes m'a vraiment interpellée. Mais pour le style et l'écriture, je suis un peu moins convaincue. Un avis mitigé donc, pour cette première lecture de la rentrée littéraire 2012.
Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka. Editions Phébus. 139 pages.