La Nuit de l'Oracle

Sidney Orr est écrivain. Après un long séjour à l'hôpital, il tente de se remettre sur pied physiquement et de reprendre possession de sa vie. C'est la découverte d'un carnet bleu portugais dans une papeterie de son quartier qui va le faire de nouveau écrire. A peine penché sur ce carnet, les mots semblent jaillirent d'eux-mêmes. Mais quel est le prix à payer pour que l'inspiration revienne? Les mésaventures vécues par Sidney sont à la hauteur de son imaginaire d'écrivain. En quelques jours, beaucoup d'évènements perturbants vont se produire, et la vie du héros et de sa femme Grace va s'en trouver bouleversée.

Mais c'est aussi et surtout le portrait d'un homme qui a échappé à la mort. Revenu parmi les vivants, il reste néanmoins diminué, assailli par d'horripilants saignements du nez, des vertiges; il est accablé de dettes, et se préoccupe de sa virilité amoindrie. Car sa femme tant aimée a dû faire longtemps face aux difficultés sans lui, et c'est elle maintenant qui fait vivre le couple. Sidney n'a plus de revenus, et c'est aussi pour retrouver sa dignité d'homme, et son amour-propre qu'il se remet à écrire. Mais en parralèle il se rend bien compte que Grace a des sautes d'humeur, et un comportement pour le moins surprenant. Comment le mensonge peut-il s'installer si discrètement, de façon si insidueuse? Comment sort-on du cercle vicieux de la dissimulation? 

C'est un bien étrange roman que celui-ci... Si vous vous lancez dans cette lecture, je vous donnerai le conseil suivant: lisez-le vite, sans trop d'interruptions. Parce que Paul Auster nous plonge au coeur d'un livre ressemblant aux poupées russes; ces poupées qui, quand on les ouvre, vous ressortent d'autres poupées, de plus en plus petites, jusqu'à l'infini... On a ici l'histoire d'un écrivain qui écrit un livre, dans lequel son héros est éditeur, lit le livre d'une écrivain, et ainsi de suite. Sans compter les personnages secondaires, comme John Trause (anagramme d'Auster), l'ami du couple, qui est aussi écrivain. Entre l'histoire et les notes du narrateur/auteur, qui s'étalent pafois sur deux ou trois pages, il est difficile de suivre le fil. Mais il m'a semblé que la difficulté rendait toute sa saveur à ce roman. Ceux qui se décourageront de son aspect labyrinthique n'arriveront jamais à toucher du doigt la beauté qui réside dans cette histoire, jusqu'à sa chute, brutale comme la vie et les livres. 

Un petit bijou donc, peu accessible aux lecteurs non assidus, mais assez rare. Je ne regrette absolument pas d'avoir persévéré, et je relirai avec grand plaisir un autre livre de Paul Auster.

 La Nuit de l'Oracle, de Paul Auster. Editions Actes Sud. 238 pages.

Comments

[Manoulivre]

Oui je vais relire du Paul Auster, c'est prévu!

[mik]

j'ai moi-même adoré ce bouquin. essayes la Trilogie New-Yorkaise. la bonne bisette, el frero.

[Manoulivre]

N'hésitez pas à me conseiller un autre roman de Paul Auster si vous en avez lu!!!