L'attentat
Amine est Arabe, et naturalisé israélien. C'est un éminent chirurgien de Tel-Aviv, reconnu par ses pairs, vivant dans un des quartiers cossus de la ville, fréquentant des personnalités... Fier de sa réussite, il est l'heureux époux de Sihem, une femme qu'il chérit de tout son coeur. Un jour d'attentat dans un fast food de la ville, qui fait de nombreux morts, la police lui apprend que le kamikaze n'est autre que... sa femme.
D'abord inquiété par les services de renseignements israéliens, qui n'arrivent pas à croire qu'il ignorait tout des intentions de Sihem, il est bientôt relâché, les soupçons sur lui ayant été levés. Il se retrouve alors seul face à lui-même et à ces questions insupportables qui le déchire: pourquoi la personne qu'il aimait le plus au monde, une femme belle, intelligente, moderne, éprise de liberté, a été se faire déchiqueter le corps et par ce biais tuer des enfants, des innocents? Comment accepter le deuil en premier, puis l'idée de s'être trompé, d'avoir été trompé, alors que l'on croyait être heureux? Amine va alors se lancer à la poursuite de réponses à ces questions. Parce qu'il est plein de colère, de haine même; parce qu'il veut comprendre qui a fait de sa femme une terroriste. Mais en allant sur les territoires palestiniens occupés, il va découvrir une réalité qu'il ne soupçonne pas, ou plutôt qu'il ne voulait pas voir...
J'ai voulu relire un livre de Yasmina Khadra (j'avais adoré Ce que le jour doit à la nuit, rappelez-vous) et c'est ainsi que j'ai acheté L'attentat et Les hirondelles de Kaboul. Si j'ai aimé l'histoire de L'attentat (Khadra est un excellent conteur, c'est indéniable), une seule petite chose me gène. Khadra dénonce la folie des hommes (de tout bord politique et religieux) durant tout son roman, et aux dernières pages, par la voie d'un des personnages, engagé dans "La Cause" (le combat des palestiniens), il explique les "raisons" de ces derniers, en lutte pour l'obtention d'une liberté et d'un honneur bafoué. S'il ne justifie pas leur position, le simple fait que cela puisse donner des voix à ce type de discours me donne froid dans le dos. "Mais comment accepter d'être aveugle pour être heureux, comment tourner le dos à soi-même sans faire face à sa propre négation?" Par là, ce personnage insinue qu'il n'y a pas de rédemption possible. Que ceux qui se détournent de la lutte ont renié leur âme. Que l'on ai "pas le choix" que de regarder en face le malheur de ce peuple; à cela j'adhère, mais que la suite logique soit de poser des bombes, là je tique. Les innocents sont de tous bords, ils sont innocents qu'ils soient palestiniens ou israéliens. Les enfants ne sont pas des colons, ne sont pas des oppresseurs, et rien ne justifie qu'on leur ôte la vie. Rien. Pas même une noble cause.
Il est vrai que c'est un sujet très complexe, qui déchaine les passions. Je comprend que Khadra ai voulu donner sa voix à tout le monde, pour être le moins manichéen possible, le plus complet dans les transcriptions des différentes positions idéologiques. Mais je reste persuadée que la haine n'engendre que la haine. Comme le chemin parait long pour apaiser la soif de liberté qui rend fou les hommes quand on la leur refuse, et tout ce chagrin...
L'attentat, de Yasmina Khadra. Editions Pocket. 246 pages.